Yaëlle Palacio (France)

05 06 2024

Plic ploc, plic ploc. Les averses chargées d’énormes gouttes bruyantes se répètent jour après jour. Ses longs cheveux frisent. Ses vêtements humides sont tout juste secs quand elle repart en balade. Les chaussures, n’en parlons pas. Parfois empêchée de gambader dans les herbes folles, elle arpente les chemins couverts de bouillasse et de branchettes. Rien ne la décourage. Yaëlle sait ce qu’elle est venue faire. Dessiner, bien entendu. Écrire, impératif. Mais aussi rencontrer ses amis de la forêt. Par hasard comme les rapaces, les chevreuils, un lièvre, une martre, des salamandres ou par connaissances et stratégies comme ce quatuor bariolé de marcassins qu’elle eut tout le loisir de filmer. Yaëlle sait que les sangliers s’enfournent dans les buissons et les ronciers sans trop de délicatesse et y sculptent des sortes de tunnels. Ne parlons pas des excréments qui fournissent des informations plus qu’il n’en faut. Attentive, aux aguets autant qu’à l’affût la jeune femme scanne tout ce qui peut la mener à des « grouik  » et des « grouin  ».

Toute petite déjà
Son émerveillement remonte à loin. Ses parents et grands parents l’ont toujours attiré de jardins en champs, de forêts en mares lui apprenant à reconnaître les essences d’arbres et le chant des oiseaux. Porteuse du gène « SOS animaux en détresse » elle ne compte plus le nombre de boîtes à chaussures qu’il a fallu reconvertir en succursales de cliniques vétérinaires. Il faut dire que lorsqu’on a un père qui ramasse les tortues égarées sur les routes, on a de qui tenir ! Incubation, bébés tortues, vivarium... Yaëlle a toujours été initiée au Vivant et au respect qu’on lui doit. Elle reconnaît volontiers boire les paroles de toute personne érudite en la matière.

Que faire de tant de curiosité ?
Océanographe ? Pourquoi pas ? Il en fut question. Pourtant, un séjour parisien, pour ne pas dire montmartrois a orienté son avenir. Le coup de crayon figuratif des portraitistes de la place du Tertre lui a ouvert une série de portes supplémentaires : l’illustration, la peinture, l’art. Orientation définitivement scellée après avoir découvert les peintres et caricaturistes de Venise.
Bien qu’ayant un baccalauréat lui autorisant des études les plus « sécurisantes », Yaëlle choisit, ni une, ni deux... la faculté d’Arts plastiques. Audacieuse. Quittant un temps la faculté bordelaise, Yaëlle découvre Bilbao. Un Erasmus pendant lequel elle découvre effarée la différence de traitement des arts de l’autre côté de la frontière. La faculté des arts basque couvre l’ensemble du campus girondin. Là, elle se perfectionne à la céramique. A tel point qu’en rentrant en France, la faculté lui confie l’animation de l’atelier de céramique. Presque prof ! Master en poche, son objet de fin d’études séduit une éditrice. Réussite instantanée qui la convainc de reprendre en main pinceaux, tablettes et pigments naturels. Travailleuse et douée, la demoiselle !

Martin le marcassin
© Yaëlle Palacio

Plic ploc, retour à la résidence goupillesque. Printemps humide mais « productif  » pour Yaëlle. « Productif », mot atroce, mais pourquoi pas ! La jeune illustratrice s’est plongée dans une nouvelle aventure graphique qui titillera l’imaginaire et la conscience des petits lecteurs – pourquoi pas des grands. Les deux protagonistes sont la petite fille Alba et... Martin, le marcassin. Sans divulgâcher l’histoire, sachez futurs lecteurs et bien entendu lectrices qu’il sera question de poupées de branches et de glands, de fruits rouges qui tachent, joyeusement empiffrés, et d’aventures nocturnes dans les sous-bois.

Yaëlle Palacio reviendra cet automne, époque des châtaignes, des arbres jaunes et des champignons. Parions qu’elle en tirera profit bien que le temps sera largement consacré à des ateliers et à la préparation de son événement dit « sortie de résidence ». Une chouette surprise en préparation. Croisons les doigts pour que « pas trop plic ploc », en octobre, saperlipopette !


Yaëlle Palacio
© Arnaud Galy - MdG

07 03 2024

Yaëlle Palacio, une Première !

Ses yeux, joliment maquillés au très francophone « eye liner », ne cessent de fixer la tasse de thé au jasmin posée devant elle. Instantanément, la jeune femme a repéré le caractère singulier de la tasse. Tournée à la main, décorée par une artiste bien affranchie des conventions marketing. C’est un regard attentionné et professionnel. Figurez-vous qu’elle est responsable de l’atelier de poterie l’université Bordeaux-Montaigne. Fichtre, que vient faire une potière à la maison du Goupillou pour une résidence d’écriture ? Le « multitalentisme », oserais-je ? Oui, osons ! Yaëlle Palacio, du haut de ses 25 printemps, est une touche-à-tout. Elle est en visite à la maison du Goupillou où elle passera une dizaine de semaines cette année. Le calendrier fait d’elle la première résidente de 2024. Pour la résidence, elle prendra sa casquette d’illustratrice. Elle aurait pu être photographe ou peintre, il se dit même qu’elle ne rechigne pas à parler théâtre...

Une Première pour la maison du Goupillou
Première qui porte le nom de tout plein de partenaires qui font sérieux. La présence de Yaëlle Palacio est due à un projet que la maison du Goupillou à proposé à la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC). Laquelle a interpellé la Communauté de Communes Dronne et Belle dans laquelle nous sommes implantés. Communauté de Communes qui est riche de médiathèques et de diverses associations ou établissements scolaires pour qui lecture et écriture sont des priorités. Pas qu’en paroles ! Contractualisées, signées, paraphées. Il n’en fallait pas plus pour que la maison du Goupillou s’immisce parmi ces acteurs institutionnels.
Si nous ajoutons à cette Première que la Fondation Michalski nous a renouvelé sa confiance pour cette année, 2024 s’annonce belle !

Revenons à Yaëlle Palacio dont nous égrainerons les faits et gestes tout au long de l’année. Les lutins de la forêt girondine, près de chez elle, la voient souvent se balader en quête de cailloux, de végétaux ou de terre. Les plus téméraires l’ont suivi jusqu’à son atelier et l’ont observé muets d’étonnement. Ils racontent que la jeune artiste fabrique ses propres pigments afin de peindre aux couleurs du terroir... Que racontera l’histoire qu’elle concoctera à la maison du Goupillou ? Surprise. La première session de résidence se tiendra du 27 mars au 12 avril. Goupils et lutins l’attendent de « pieds » fermes.

(Prochaine publication... quand nous en saurons davantage sur les ateliers et rencontres publiques que Yaëlle Palacio effectuera sur le territoire Dronne et Belle.)


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